Harbin
J’ai profité de 3 jours de congés pour la fête de mi-automne pour fuir la chaleur de Suzhou et m'envoler dans la fraîcheur du Grand Nord chinois. Après un vol de deux heures pour Changchun, j'ai directement filé en train avec mon amie Ni Shuang pour Harbin, capitale de la province du Heilongjiang (littéralement "Rivière du dragon noir"), c'est la région la plus au Nord de la Chine, séparée de la Sibérie par le fleuve Amour.
Harbin est fascinante pour son climat, l'un des plus froids d'Asie (moins 30 degrés en hiver!), son héritage russe, sa rivière Songhua qui se transforme en patinoire en hiver, son festival de sculptures lumineuses sur glace; et aussi pour ses filles: grandes, longilignes et à la peau de satin. En ce mois de septembre la météo a été idéale, entre 15 en journée et zéro le soir, ça m'a bien rafraichi comparé à la météo encore bien chaude de Suzhou. Par contre il était encore trop tôt pour profiter des fameuses sculptures sur glace, le festival annuel a lieu entre décembre et mars.
En balade dans la rue principale Zhong Yang Da Jie, je me suis dans l'ambiance avec une Harbin Beer à la main et un Kao Long Mian dans la bouche (bol de nouilles frites avec un oeuf, de l'ail, de la coriandre et du piment rouge). Un véritable délice, introuvable dans le Sud de la Chine! Les habitants de Harbin sont aussi friands de grosses saucisses dignes de nos vieilles choucroutes des familles, ça doit bien les aider à supporter les bourrasques venues de Sibérie. D'ailleurs on s'aperçoit que les locaux se portent bien et sont des bons mangeurs, à l'image de Zhao Shi Cheng, mon pote de Dalian présenté plus tôt dans ce blog, et qui vient de Daqing, également dans le Heilongjiang.
Après cette dégustation on a vu l'Eglise Sainte-Sophie, qui dans son style orthodoxe n'est pas sans rappeler le fameux Kremlin. Plusieurs autres bâtiments ont aussi un style architectural russe, d'ailleurs il y a plusieurs restos et boutiques russes, qui vendent de la vodka, des chapkas et même des fausses Kalachnikov (un peu cliché!). A Harbin il y a même le Parc Staline! La ville doit cet héritage aux 100 000 Juifs russes venus au début du siècle dans la région pour construire la ligne ferroviaire Vladivostok - Dalian, et ainsi permettre à l'empire Stalinien d'accéder et de contrôler par voie ferrée la baie de Corée. Mais ceux-ci ont dû fuir la ville après la prise de contrôle du Nord-Est de la Chine par les troupes japonaises, dans des conditions parfois atroces. Aujourd'hui il reste encore quelques expats, étudiants et touristes russes à Harbin, et j'ai pu remarquer qu'il n'est pas rare d'y entendre parler la langue de Lénine.
Voilà pour l'histoire intéressante de la ville, je n'ai malheureusement pu y rester que deux jours. Je me suis promis d'y retourner, avec des amis de Dalian, en plein hiver pour goûter le froid extrême et admirer les sculptures sur glace.
Ci-dessous quelques photos prises par-ci par-là à Harbin
Loin de Shanghai le ciel est bleu, l'air est pur
Deux badauds se promenant sur l'île du Soleil, avec vue sur Harbin et sa rivière Songhua
Sur l'île du Soleil, le Parc Staline et ses statues de résistants Chinois face à l'envahisseur nippon
Spécialité du Heilongjiang : les grosses saucisses Churin et leur goût fumé inimitable; rien de tel pour braver le froid sibérien
Grand Nord ou pas, le patriotisme est toujours présent dans l'Empire du Milieu